MON CHAT A UN ŒIL ROUGE
Votre chat a un œil rouge? Vous vous inquiétez sur la santé oculaire de votre chat? La rougeur oculaire est un motif de consultation fréquent chez le chat, elle englobe plusieurs affections isolées ou concomitantes. En effet, l’intensité de la rougeur est variable et non significative de la gravité, elle peut être discrète mais dangereuse car elle peut compromettre la vision de l’animal si elle n’est pas convenablement prise en charge. De plus pour d’autres cas elle peut être impressionnante sans pour autant être grave. Cet article va donc vous permettre une petite prise de connaissance de l’anatomie oculaire ainsi que les principales pathologies qui font que votre chat a un œil rouge. L’objectif étant d’aider les propriétaires à détecter rapidement un œil rouge et une pathologie précise et donc, à adopter les bons premiers gestes et à éviter les mauvais.
Cornée : couche transparente avasculaire, elle laisse voir l’iris et la pupille.
Iris : partie contractile, sa pigmentation attribue la couleur de l’œil, percé d’un trou correspondant à la pupille.
Pupille : trou au centre de l’iris de couleur noire, zone de captation de la lumière.
Conjonctive : membrane muqueuse transparente revêt l’intérieur des paupières et une partie du globe oculaire.
Uvée : c’est la partie vascularisée elle rassemble l’iris le corps ciliaire et la choroïde
Cristallin : lentille convergente naturelle.
Sclère : partie épaisse blanche et opaque qui constitue la périphérie du globe oculaire. Finement vascularisée, elle est appelée dans le langage courant : blanc de l’œil.
Si votre chat a d’autre problème comme des oreilles froides, n’hésitez pas a consulter notre article dédié à ce sujet en
cliquant ici.
Affections responsables d’un œil rouge
Prolapsus du globe :
Cela fait suite à un traumatisme facial. C’est une affection généralement unilatérale d’apparition brutale. L’œil fait saillie hors de l’orbite d’où l’impossibilité de fermer les paupières. Un hématome envahit tout l’espace orbitaire. Donc le chat a un œil rouge. C’est une urgence, le propriétaire doit vérifier les fonctions vitales de l’animal et appliquer des compresses froides et humides sur l’œil. Le traitement est chirurgical et doit être très rapide.
Hémorragie sous conjonctivale :
C’est la présence de sang au niveau de la conjonctive, localisé ou en nappe avec une légère élévation de la conjonctive plus ou moins importante selon la sévérité. En fonction du temps, l’hémorragie prend une couleur variable, allant du rouge vif en phase aiguë, au bleu‐vert en phase de résorption. L’hémorragie sous‐conjonctivale est fréquente et souvent d’aspect spectaculaire mais généralement sans grande conséquence. La cause la plus fréquente est d’origine traumatique néanmoins il faut aussi penser à une intoxication par les anticoagulants (hémorragies multiples) ou à une hypertension artérielle (âge avancé). L’évolution se fait vers la résorption spontanée en quelques jours sans traitement particulier.
Les conjonctivites :
Chez le chat elles font partie d’un tableau clinique de maladies générales infectieuses (Mycoplasmes, Chlamydies, calcivirus et herpesvirus). Dans ce cas elles sont accompagnées de symptômes respiratoires, la cause peut aussi être allergique. Le chat a un œil rouge et des secrétions oculaires d’aspect variable selon l’agent infectieux en cause. On note généralement une blépharite associée, dans quelques cas une kératite. Pour cela, le traitement est étiologique et doit être rapide spécialement chez les chatons. En première intention le propriétaire peut instiller des collyres antibiotiques (gentamicine/rifamycine…) 3 à 6 fois par jour.
Kératite bactérienne :
Elles sont toujours secondaires à une plaie ou un ulcère cornéen, les signes sont une opacification de la cornée et une rougeur. Le traitement repose sur des collyres antibiotiques.
Kératite éosinophilique du chat :
C’est une inflammation chronique de la cornée, sous forme de points surélevés rosés ou blanchâtres sur un fond inflammatoire rouge, cette lésion peut atteindre les conjonctives adjacentes. L’origine n’est pas bien déterminée mais l’herpes virus félin est incriminé. Le traitement repose sur des collyres anti-inflammatoires et éventuellement un
traitement antiviral.
Insuffisance lacrymale féline :
Pathologie très fréquente chez les chats infectés par l’herpes virus. Les signes sont une rougeur conjonctivale et un aspect sec de la cornée. Elle est bien supportée par les chats mais doit être traitée pour éviter une kératite chronique ou un ulcère cornéen. Le traitement repose sur l’instillation de larmes artificielles à vie.
Ulcère cornéen :
C’est une perte de substance de la cornée, l’origine est traumatique (vérifier la présence de corps étranger sous les paupières tel qu’une épine végétale) ou infectieuse. L’œil est douloureux rouge avec épiphora (écoulement anormal en excès des larmes) et blépharospasme (contraction involontaire des paupières signe de douleur), la zone ulcérée prend une couleur jaunâtre ce qui réduit la transparence cornéenne. Il s’agit d’une urgence afin d’éviter le risque septique et de perforation ou une mauvaise cicatrisation. Le traitement repose sur des collyres antibiotiques ou la chirurgie. Attention à l’automédication car il y’a des collyres qui sont absolument contre indiqués tels que les corticoïdes.
Hyphéma :
Il s’agit d’une hémorragie de la chambre antérieure de l’œil, le sang peut coaguler ou non. Les causes sont variées (traumatiques le plus souvent, trouble de la coagulation, uvéite, tumeur intra-oculaire…). La survenue est brutale sous forme d’effusion ou d’épanchement. Il s’agit d’une urgence en raison des complications majeures de glaucome ou uvéite secondaires. Le traitement est à la fois étiologique et préventif du glaucome.
Le glaucome :
C’est l’augmentation de la pression intraoculaire généralement bilatérale. Chez le chat, les causes sont multiples (uvéite, hyphéma, tumeur de l’uvée …). Le tableau clinique comprend une buphtamie(saillie du globe par augmentation de pression) , un blépharospasme, un épiphora, un état dépressif, une opacification de la cornée par l’œdème, une mydriase et une rougeur oculaire sous forme de larges vaisseaux tortueux. Les effets sur l’œil peuvent être graves et évoluent souvent vers la cécité. Cependant, parmi les complications possibles, on note : une luxation du cristallin, une atrophie rétinienne ou un ulcère cornéen. Un traitement rapide et intensif chez le vétérinaire doit être mis en place afin d’éviter la chronicité et la cécité. Il repose sur la déshydratation du milieu aqueux intraoculaire.
Uvéite :
C’est l’inflammation de la couche vascularisée de l’œil. Souvent c’est une séquelle de pathologies systémiques (idiopathiques ou infectieuses). En effet, les signes cliniques sont multiples et se traduisent par : une photophobie, un blépharospasme, un œdème de la cornée et une néovascularisation sous forme de vaisseaux fins courts et radiaires en périphérie de la cornée. Chez le chat des précipités kératiques sous forme de petites opacités grisâtres sont collés à la face interne de la cornée. Un agglomérant purulent ou hémorragique peut sédimenter donnant un aspect trouble de l’œil. Donc, il s’agit d’une urgence ophtalmologique. Ainsi, le traitement doit être précoce et soutenu en raison des conséquences graves de l’uvéite. Le traitement symptomatique repose sur la diminution de l’inflammation et le contrôle de la douleur.
En bref
L’œil rouge est la plainte la plus fréquente en ophtalmologie, devant un tel cas le propriétaire devra alors vérifier les circonstances d’apparition (traumatique ou non, si associé à d’autres symptômes généraux, s’il y’a un contexte de contagiosité en collectivité où on s’orientera vers une cause infectieuse…). Enfin, en vue d’aider le propriétaire à reconnaitre l’affection en question, si le chat a un œil rouge, nous proposons un tableau comparatif des différents symptômes.
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Prolapsus |
Hémorragie sous conjonctivale |
Conjonctivite |
Kératite bactérienne |
Kératite éosinophilique |
Etiologie |
*Traumatique apparition brutale |
*Traumatique souvent
*Intoxication aux anticoagulants
*Hypertension |
*Infectieuse souvent
*Allergique (saisonnière récidivante) |
*Infectieuse secondaire |
*Idiopathique |
Rougeur |
*Diffuse et intense |
*Localisée ou en nappe |
*Diffuse |
*Rougeur intense avec opacification de la cornée |
*Une rougeur modérée avec opacification de la cornée et points blanchâtres |
Sécrétions |
* Absentes ou sanguinolentes |
*Absentes |
*Séreuses, mucopurulentes ou purulentes selon l’agent infectieux |
*Purulentes |
*Claires (séreuses) |
Douleur |
*Œil très douloureux |
*Absente |
*Un Œil douloureux |
*Œil douloureux |
*Œil douloureux |
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Insuffisance lacrymale |
Ulcère cornéen |
Hyphéma |
Glaucome |
Uvéite |
Etiologie |
*Virale par herpesvirus |
*Traumatique
*Infectieuse |
*Causes variées et survenue brutale |
*Causes variées |
*Séquelles de maladies générales |
Rougeur |
*Rougeur conjonctivale avec cornée sèche et épaissie |
*Des rougeurs conjonctivale, la zone ulcérée est jaunâtre avec des bords rouges |
*Quand l’animal est debout : en demi cercle en position inférieure avec bord supérieur plan
*Diffuse si le sang rempli toute la chambre antérieure |
*Une rougeur épisclérale en vaisseaux larges et tortueux |
*Rougeur épisclérale et conjonctivale
*Couronne périlimbique en vaisseaux fins caractéristiques |
Sécrétions |
*Absentes |
*Epiphora |
* Absentes ou sanguinolentes |
*Epiphora (sécrétions claires abondantes) |
*Absentes ou présentes couleur claire
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Douleur |
*Absente sauf si complication par ulcère cornéen |
*Un œil douloureux avec blépharospasme |
* Œil douloureux |
*Œil douloureux avec blépharospasme et état dépressif |
*Douleur avec blépharospasme, photophobie et énophtalmie |
En conclusion
En conclusion nous tenons à rappeler que chez le chat, l’œil est un organe fragile et exposé à l’environnement. Ses affections sont multiples et peuvent nous révéler des maladies systémiques. Dans cet article nous avons vu les infections donnant un œil rouge. Cependant toute modification physique anormale de l’œil est à prendre au sérieux. A défaut de pouvoir le traiter convenablement, si le chat a un œil rouge, on recommande une consultation ophtalmologique rapide et une prise en charge précoce en vue de conserver l’intégrité visuelle et esthétique de l’œil.
Enfin, nous avons rédigé un article pour les chats diabétiques. Vous pouvez le consulter
ici.